Ombre planante

Je vous parle de cette respiration caractéristique de la nuit noire. De ce souffle sans origine d'une nuit sans lune. Comme si tout était soudainement facilité. Comme si tout ralentissait pour mieux voir dans le noir qui grouille. Cette sombre nuit qui nous enveloppe un par un. Qui nous prend par la main vers les heures les plus noires de la journée. Je vous parle de ce qui ne parle pas mais de ce qui observe en embuscade. Je vous parle de ce ciel sans étoiles. Du silence qui s'étend dans l'espace. Qui s'approprie toutes les choses qu'elle touche. Même vous. Elle vous tait. Vous qui vous croyez pourtant si libre. Vous êtes prisonnier de cette nuit obscure. Elle vous englobe doucement, elle qui est inarrêtable. Elle qui éteint les formes autour de vous. Elle qui fait pleurer les enfants. Elle vous attaque vous aussi. N'essayez pas de résister à sa poigne qui agrippe votre cœur. Elle ne vous laissera pas vous échapper. Elle sera toujours là, si près de vous, si insensiblement proche ; pour qu'un soir parmi une infinité, lorsque vous aurez enfin perdu l'impossible bataille, lorsque vous aurez enfin fermé les yeux pour la dernière fois, vous arrache tout ce qu'il vous reste de lumière.