Whistles in the dark night
- Réfléchi bien à la réponse que tu vas me donner, je ne vais pas répéter ma question. Et regarde moi quand je te parle.
- Et sinon ?
- Sinon tu fini tes jours entre quatre murs à récurer la merde de tes camarades de cellules. C’est plus clair ?
- Je me demande qui en aurait les mains les plus sales.
- Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé à ta famille. C’est… C’est un terrible accident.
- Un terrible accident ? Rentrez chez sois le soir et retrouver sa famille fusillée dans le salon c’est un terrible accident ? Tu te fous de ma gueule ? Tu penses que je serai qui demain, hein ? Tu penses que je serai toujours le John Davis qui organise le loto de la kermesse ? Tu crois vraiment que j’aurai encore le courage de sourire après ce qui est arrivé ? Un terrible accident ? Hein ? T’es quand même une sacré enflure pour oser me parler comme la pire des merdes. C’est une technique de flic ça ? Etre un vrai trou du cul jusqu’au bout ?
- Pour l’amour de Dieu ferme ta gueule ne serai-ce qu’une putain de seconde John. Tu crois que tu vas pouvoir t’en sortir en me sortant tes pires disquettes de victime encore une fois ? Je sais que t’y es pas pour rien dans cette histoire. Surprise. Moi aussi je ne suis plus le même, j’ai changé. Maintenant, je traquerai jusqu'au dernier fils de pute qui se terre dans cette ville. Il y a trop eu de sacrifice. Trop de famille déchirée. Alors arrête ton cirque pour une fois John. Ça faisait à peine quelques nuits que tu étais avec cette “famille”. Maintenant répond à la question que je vais te poser.
- Pose ta question que je me casse d’ici.
- Connais-tu Amy Whiles ?
- Quoi ?
- Amy Whiles. Ça te dit quelque chose ?
- Mais merdre Frank c’est ça ta question ? Est-ce que je connais une Amy Whiles ? Tout le monde sait qui est Amy Whiles ! Tu vas pas me dire que t’es le seul clampin de St Dansbour qui connais pas cette conne !
- Elle est arrivée la semaine dernière alors arrête ton cinéma. Comment tu l'as rencontrée ?
- J’arrive pas à y croire, monsieur Davis à besoin de connaître littéralement la seule femme encore bonne à baiser dans les environs. Enfin bref. Je l’ai rencontrée dans un bar, on a discuté un peu, puis elle est repartie dans sa cabriolet rouge flambant neuve. La pouffe classique quoi.
- Vous avez discuté de quoi ?
- Je sais pas j’étais déjà bien amoché.
- Fais un effort.
- Putain tu t’agrippes à mes couilles plus fort qu’une pute fauchée.
- Ta gueule et répond.
- Je sais pas, j’avais cinq verres de whisky dans le gosier, mais je crois qu’elle cherchait quelque chose.
- Un livre ?
- Un livre… Qu’est-ce que tu me sors toi ?
- Un livre sur les oiseaux du moyen orient ?
- T’es vraiment perché… Attends, répète ?
- Un livre sur les oiseaux “Whistles in the dark night”. Sorti en 64.
- Putain ça me dit un truc. Comment t’es au courant ?
- Ça raconte le sifflement des sirènes lors de nuits abyssales.
- Pardon ?
- Je disais : c’est une encyclopédie. Mais aussi un nom de code pour une mafia de la région d’à côté.
- Tu disais ça ?
- Il y a cinq secondes.
- Bref, en gros tu me racontes qu’elle m’a pris pour un de leur membre… Hé bien, la mafia d’à côté se porte bien, elle avait l'air sacrément blindée.
- T’es con ou tu le fais exprès ? Tu vois pas le lien ? La semaine dernière tu croises une gonzesse de la mafia puis hier soir on a cette tuerie ?
- Bien sûr que je fais le lien tête à nœud. C’est juste que…
- Que quoi ?
- J’ai jamais rencontré Amy Whiles.
- Quoi ?
- Je l’ai jamais croisé je te dis. Je t’ai mené en bourique et t’es tombé dans le panneau comme un gros con. Je m’intéresse aussi à elle, je sais qu’elle vient d’arriver en ville et je pense aussi qu’elle est louche. Je voulais savoir ce que t’avais sur elle. Merci de m’apporter tout ce que tu sais sur un plateau d’argent ! Maintenant, pris moi de m’excuser, mais j’ai un livre à chercher. “Whistles in the dark night” c’est ça ? Toujours plaisir de faire affaire avec toi gros con. Ciao.
- Pas si vite, John.
- Qu’est ce que tu vas me sortir encore ?
- On t’a vu la semaine dernière avec une femme. Tu peux me dire qui c’était alors ?
- Je t’ai déjà dit, je la connais pas ton Amy Whiles. J’étais avec une pute. Tu sais qu’elles pullulent en ce moment.
- Une pute qui est ensuite repartie en cabriolet rouge ?
- Ces filles ne sont pas données de nos jours.
- Arrête tes conneries. Pourquoi tu te défile comme ça ? T'as peur ? John Davis se fait dans son froc ? Au moment même où je te parle de ce bouquin tu te défile. Ca ne veut dire qu’une seule chose : t’en as déjà entendu parlé. “Whistle in the dark night”. A sa moindre prononciation tu t’en éloigne hein ? Alors... Tu étais bien avec Amy Whiles cette nuit-là, je me trompe ?
- Arrête de prendre tes rêves pour la réalité et laisse moi partir. J’ai répondu à ta question.
- Les sirènes s’approchent. Elles viennent pour t’attraper.
- Quoi ?
- Je disais : c’est moi qui décide de qui sort de cette pièce, tu veux que je te le dise en quelle langue ?
- Tu te fous de ma gueule ? Tu parlais de sirènes y’a deux secondes.
- De nous deux je crois bien que c’est toi qui hallucine si tu veux mon avis.
- Hallucine ?
- Écoute. Je suis désolé si on a foiré la protection de ta “famille”. Ok. Tu peux me détester toute ta vie si tu veux mais ça ne changera rien à la réalité. Maintenant il faut que tu m’aide dans cette histoire. Je sais que t’es mêlé à tout ça d’une manière ou d’une autre. C’est une vengeance d’un gang ? C’est ça ? Tu t’es mêlé d’une histoire qui a mal tourné ? Tu peux me dire ici. Rien n’est enregistré, tu ne sera pas poursuivi.
- C’est aussi la chanson qui passait à la radio ce soir-là.
- … De quoi tu parles ?
- “Whistles in the dark night”. Je m’en souviens très bien. C’est aussi la chanson qui passait à la radio quand je suis rentré hier soir et que j’ai découvert les corps… Elle me plait bien, cette mélodie… Elle m’entraîne...
- Aux sirènes des rêves...
- Aux sirènes des rêves…
- Là où plus rien ne commence...
- Et où tout s’arrête.